14.4.09

« Quand vous n'êtes pas là, il vit sa vie »



Bruno Maisonnier est le patron d'Aldebaran Robotics, l'un des leaders de la robotique domestique. Il nous présente Nao et ouvre les portes du futur.

C'est quoi un robot domestique ?
Un robot domestique dans 10 ans ce sera un assistant personnel, autonome, qui nous aidera réellement. Comme une aide à la personne. Prenez notre robot Nao. Vous pouvez lui dire : "Nao, viens ici !", "Oui, qu'est-ce que tu veux ?", "Lis-moi mes e-mail", "Lis-moi ce livre"... Il comprend ce qu'on lui dit, il va chercher sur Internet le fichier texte correspondant au livre demandé et il est capable de le prononcer. Vous pouvez imaginer l'intérêt pour une personne mal-voyante ou pour les personnes âgées. Il y aura bientôt une vraie demande pour ce type de produit. Il y en a déjà une d'ailleurs. Mais tout ça ce n'est pas pour tout de suite. Nao est pour le moment destiné à des labos de recherche et aux technophiles. Ces mêmes technophiles qui, il y a 30 ans, achetait des micro-ordinateurs alors que ça ne servait encore à rien.

Quelles sont les limites actuelles de Nao ?
C'est difficile comme question. Imaginez que je vous demande quelles sont les limites de votre ordinateur ! Nao est autonome, capable de se déplacer, de se relever et de se recharger sur le secteur. Grâce à ses micros et ses caméras, il peut également détecter des visages, les reconnaître, comprendre un certain nombre de phrases... Et grâce à son ordinateur intégré, vous pouvez le programmer à loisir. En revanche, il ne pourra jamais courir, monter des escaliers, ni bouger les doigts.

C'est étrange, vous ne parlez pas de Nao comme d'un objet...
Il est un peu plus que ça. D'abord il est autonome. Quand vous n'êtes pas là, il va se balader, vivre sa vie. Et surtout, il a une tête de petit bonhomme. Il a deux bras, deux jambes, un look qui le rend agréable. Notre boulot c'est de fabriquer des robots que les gens ont envie d'acheter. Bien sûr, ce ne sera jamais un être vivant, mais on le considérera un peu différemment du fait de sa capacité d'interface avec l'homme. Pour autant, je compare souvent son intelligence avec celle d'une fourmi. N'importe quel insecte est capable de se balader et d'éviter des obstacles. Ce n'est qu'un ordinateur qu'on programme. Mais ça va évoluer. Les processeurs vont devenir de plus en plus sophistiqués, de plus en plus complexes, jusqu'au jour où l'on inventera des programmes qui se programment tout seuls. C'est beaucoup plus vertigineux que de faire tenir un robot debout à mon avis.

Et où ça nous mène ?
J'ai une conviction très simple : toute technologie sera explorée à fond. Pour le bien de l'humanité comme pour faire la guerre ou de l'argent. Ce n'est pas pour ça qu'il faut s'empêcher de creuser ces technologies. Une idée n'est jamais bonne ou mauvaise en tant que telle. Il faut bien se dire que l'on en viendra un jour à des problématiques et des questions nouvelles. Ce jour là il faudra mettre des cadres pour éviter que les gens s'en servent mal. Quand les robots seront suffisamment évolués, je crois qu'il y aura donc un droit spécifique de la robotique. Voler un robot d'assistance, ce sera un peu comme voler un chien d'aveugle. Ce ne sera plus tout à fait comme un objet...

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