3.12.08

A quoi bon écrire, m'interroge, à quoi bon quand d'autres le font mieux ? Mon complexe vire à l'obsession ces temps-ci, ronge les derniers synapses de la boîte noire qui me sert de cervelle. L'Impasse. Oui, comme le film de De Palma. L'impression de n'avoir pas commencé que je vois déjà le mur de la fin : ce texte aussi je le terminerais la mort dans l'âme. Merde. C'est atroce de conchier ce qu'on pisse. Je peux plus les voir ces longues lignes filasses qui courent de pixels en pixels sur le mur blanc et rétroéclairé de mon impuissance. Je peux plus les voir ces mots à la traîne, péniblement ânonnés par mes doigts perclus de doute qui se prennent par la main à la manière de potes qui se haïraient. Je peux plus les voir, eux non plus, ces textes brillants écrits comme on tient "une caille aux ailes délicatement bandées pour l'envol" (Terence Malick), ces pièces d'orfèvrerie assemblées par d'autres, je ne sais comment, dans le laboratoire de leur carafon. A quoi bon écrire, m'interroge, à quoi bon si tu n'enrichis que le temps et ton petit égo malade. Quand je regarde mon clavier noir de touches et de l'encre électronique que je n'ai su calligraphier, je ne vois que la projection boutonneuse de mon désordre intérieur. C'est tout. Un tapis de lettres sous lequel sommeillent des fulgurances fantasmées, sans que je sache comment les faire sortir de leur torpeur. Soulever la carpette ? Je n'arriverais, je ne le sais que trop, qu'à faire s'envoler les cailles de tout à l'heure. J'ai la peur d'écrire. Chevillée. Au ventre. Voilà tout et ce n'est rien. Rien d'autre que ça. Une peur de dire moins, une peur de de lire mieux, à droite de l'écran ou ailleurs. Fermer les yeux, je vois que ça.

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